Like the water, like skin
Mille fois à l'aube, je me réveillerais. L'odeur de l'herbe mouillée de rosée, la torpeur du rose qui évolue en rouge, là, haut dans le ciel. Cela m'élève. Cela me plonge dans un sentiment de paix que je poursuis sans cesse, sans cesse. Souvent, la tentative est vaine, car la recherche d'un état d'âme n'aboutit jamais à un port sûr, bien qu'elle en donne souvent l'illusion. Et c'est précisément ici, me recueillant dans la simplicité de l'être, un matin, assise à regarder les oiseaux qui, réveillant la nature de leur chant, créent une myriade de danses avec le battement de leurs ailes, c'est ici que je m'arrête pour écouter le battement de mon cœur, la naissance du jour. Adieu; hier est laissé à la nuit, et la contemplation de ce qui viendra commence à m'envahir. Si je me laisse envahir. Chaque instant est décision. Et donc, indécision. Devant le choix, je me perds souvent dans un laps de temps d'attente, et il me semble entendre les soupirs des âmes qui reposent dans le premier cercle de l'enfer de Dante, le limbe. Car c'est dans l'interrogation du lendemain que réside l'incapacité de trouver un lieu propice à la sérénité, et le limbe est, en effet, par définition, ce lieu d'incertitude. Peur, alors? Les émotions ne sont finalement rien d'autre que des instants, superflus, naïfs et possiblement mortels en même temps. Mais elles te permettent d'établir un lien avec l'ici et maintenant, avec un présent qui te semble tangible puisque toi, avec ton émotion, ta sensation interne, physique, envahissante, perverse, tu décides de le créer. Ou du moins, tu penses le décider, car c'est ainsi que tu aimes te calmer, dans la force du contrôle, dans la sécurité de ce que tu sais être légitimé par une pensée réelle. Par une pensée réelle.